« We
will go to the moon - We will go to the mooooon ».
Tous ne parlaient plus que de ça dans les corridors de
l’école. Wow ! s’émouvaient les jeunes esprits férus de science. Quelle
prouesse technologique, quelle oeuvre extraordinaire témoignant de la magnificence
de la science, scandaient-ils en coeur les yeux brillants pendant qu'ils se relançaient de
chiffres et de formules d’initiés. Des années se passèrent ainsi, jusqu’à ce
que s’élève enfin cette aiguille de feu dans le ciel, emportant avec eux ces
beaux aventuriers à l’allure vaguement intello, sélectionné pour une mission
unique dans l’histoire de l’homme. Sous la musique de Led Zeppelin, pendant que
rageait la guerre du Vietnam, Apollo et sa mission sur la lune allaient
captiver le monde pour des mois.
Du jour au lendemain surgirent de nulle part ces petits
individus déplaisants. Ils existaient déjà et vivaient déjà dans l’ombre des
corridors comme des associaux aux notes surgonflées, obstineux, incompétent à
nouer des liens parce qu’incapable de ne pas donner leurs avis « connaisseur-en-tout »
sur tout ce qui passe. Voilà qu’en fonction des circonstances, ces petits
individus prétentieux et hargneux, mais capable de réciter le programme Apollo
par coeur d’une voix aigrelette, obtenaient enfin leurs 5 minutes de gloire et
voyaient leurs auditoires passer en quelques mois de parents pâmés devant le
savoir de leurs chéris, à celle de toute une école.
Ils devinrent les caïds de la place, se mettant à
utiliser des « on » et des « nous » comme s’ils étaient
assis avec les astronautes dans la capsule. « Wow la scienccccce »
répétaient-ils les yeux brillants comme s’ils parlaient de leur seul ami, voilà
la preuve...
Sous
l’impulsion du programme Apollo, des centaines milliers de jeunes se sont mis à
la fabrication de fusées miniatures, rêvant qu’eux aussi un jour ils puissent
devenir un de ces beaux blonds intellos assis aux commandes. De cette lancée,
beaucoup de ces jeunes entamèrent des études menant à une carrière d’ordre scientifique.
La lune
C’est en 1990 que j’ai profité d’un passage en Floride
pour assister au décollage de la navette spatiale à Cap Kennedy et par la même
occasion j’ai visité le Space Museum de la NASA, où j’ai pu observer à souhait
la fusée « Saturne V » et le module de commande.
Gros. Très gros. Très, très impressionnant.
Bon l’émotion passée, cessons de pelleter des nuages et
revenons sur la terre. Au-delà de la patente à couper le souffle, il ne reste
pas grand chose.
Un trip d’ingénieur de 25 milliards de dollars, une
gigantesque quincaillerie dans laquelle trois
militaires ont du vivre à l’avant d’une Volkswagen Beetle pendant plus
d’une semaine sans sortir, en trimballant derrière eux une bombe de 10 fois la
dimension de celle d’Hiroshima enfermée dans un gigantesque tuyau de fine tôle
ondulée, possédant un mécanisme de détonation variable contrôlé par une
électronique aussi développée que celle d’une souris d’ordinateur, produite par
le plus bas soumissionnaire conforme. Il faut noter au passage que toute
l’évolution des lanceurs ayant mené à cette extraordinaire oeuvre de la
science moderne est un produit purement militaire. Si ce n’avait été des
budgets nazis accordés à von Braun ou de ceux de l’armée américaine et russe
ensuite, jamais les missiles ou le programme Apollo n’auraient vu le jour.
Ce scénario
hollywoodien lancé par Kennedy devant les médias du monde entier n’était pas
anodin. Il visait à galvaniser l’imagination et occasionner un effet
d’entrainement. La cicatrice culturelle laissée par cet évènement fut
importante. La science « par la preuve » est là depuis Apollo et le
mot science se retrouve sur toutes les lèvres depuis, comme seule garante de
vérité. Qu’importe chercher, puisque toutes les réponses existent déjà. Tous
pouvaient se reposer aveuglément sur cet empire du savoir incorruptible. Tout est encadré et connu, compris
et documenté, il n’y a qu’à suivre une formation scientifique pour savoir. Les hypothèses n’ont plus raison
d’être, puisque des lois existent. La loi, c’est la loi !
Pas-besoin-d’imagination-puisque-la-science-possède-la-vérité.
Une véritable religion.
La science est un domaine racoleur qui donne des
médailles à tout ce qui bouge et elle est un mot qui fut largement galvaudé.
À force de se couper les doigts en épluchant les patates,
n’importe quel individu normalement constitué finira par tenir le couteau
différemment. Pas de science là-dedans, c’est de l’empirisme. Qu’il soit
pratiqué au niveau des mécanismes cellulaires ou d’une façon consciente, c’est
une aptitude propre à la vie et une pratique essentielle à la survie. Les
mécanismes biologiques de l’arbre ne mettront pas long à comprendre qu’ils
retirent beaucoup moins de gain des branches situées au nord que celles au sud
et favoriseront un déploiement plus abondant vers le sud. Une intelligence
globale doit se manifester dans l’arbre pour obtenir ce résultat. Une intelligence
lente, différente, mais capable d’apprendre empiriquement et de tirer des
conclusions hormonales. Simple, si ça vit c’est intelligent. Ne pas l’être
c’est mourir ou être un caillou. Cette aptitude n’est pas de la science, mais
un mélange d’intelligence et d’intuition. Apprendre et tirer des conclusions
quel que soit l’oeuvre, n'est que le fruit que de cette aptitude. L’empirisme
est le coeur de tout ce que l’homme invente, développe, bricole. L'empirisme
est la capacité de concevoir de nouvelles alternatives pour faire les choses et
tout ce qui a été fait par l’homme est le fruit de cette seule aptitude.
La science n’est pas non plus le savoir. Nous acquérons
de nouvelles connaissances tous les jours et recevons constamment de
l’information nouvelle. Partir à la recherche d’informations visant à assujettir
nos connaissances dans un domaine ou un autre et en tirer des conclusions
appropriées est à la portée de tout individu.
La version officielle dit que la science est une
structure du savoir obtenue par une observation et une expérimentation
objective. En conséquence de quoi, cette structure laissera en place une fiche
informative encadrée, s’enchâssant dans un grand arbre de la connaissance
auxquels tous peuvent avoir accès. Une définition qui frise la perfection.
Mais les choses ne sont pas aussi simples.
Tous n’ont pas accès. La quasi-totalité des données scientifiques
est inaccessible à celui qui n’appartient pas à un réseau universitaire, à
moins de payer des sommes inabordables. De plus, tout ce savoir est représenté
sous un format faisant grand usage de mots, de normes, de concepts exclusifs
qui constituent à eux tous, un langage spécialisé garantissant les échanges
entre les individus. Ces langages, puisque chaque domaine en possède un, sont
autant de barrières limitant l’accès au savoir à ceux qui ne possèdent pas le
lexique de base.
Ce n’est qu’à travers les communicateurs scientifiques,
des journalistes spécialisés dans le domaine scientifique et la formation
scientifique qu’il sera possible de retrouver la vulgarité ramenant
l’essentiel. Un savoir intelligent et bien représenté est accessible à tout
individu dès qu’il est en âge de s’exprimer et de comprendre les mots. Comme il
n’y a qu’une microscopique fraction du savoir humain qui est ainsi vulgarisé,
il est possible de comprendre que le savoir encapsulé dans la science n’est pas
à l’usage de tous, mais à l’usage de ses représentants qui en deviennent les
dépositaires ou utilisateurs officiels auprès du reste des vulgaires. N’importe
qui peut savoir, à condition de suivre sa maîtrise.
Tout ne sera jamais dit. La science suit l’innovation des
hommes dont elle tire sa substance. L’innovation n’a rien à voir avec la
science. Plusieurs centaines de fusées ont explosé sur les pas de tir avant
qu’Apollo ne prenne son envol. Ce n’était pas de la science, c’était de
l’empirisme. À force d’essayer, ça finit toujours par fonctionner.
La science n’invente rien et ne crée rien, elle avalise
et officialise les découvertes de tout un chacun, en retient ce qui s’intègre
au grand arbre déjà existant, qu’elle retourne à l’usage de la communauté avec
la méthode d’utilisation. Pour qu’un brin de science émerge d’une innovation
quelconque, il faut encore qu’elle tire parti d’une singularité qui n’avait pas
déjà été répertoriée dans cet arbre de la science. Il faut ensuite que cette
singularité soit jugée compatible avec le matériel déjà présent dans l’arbre
avant d’y être intégrée autrement, aussi innovatrice soit-elle, elle n’ira
jamais plus loin.
Une réalité que connaissaient bien Fleishman et Pons les
deux inventeurs de la fusion froide, qui pour cette raison choisirent à dessein
d’afficher leurs découvertes au monde par l’intermédiaire des magazines, plutôt
que cette voie de garage.
Mais avant tout, il faut encore que la
science sache, car la science ne connait du monde rien d’autre que ce qui
lui est remis.
L’idée novatrice au riche potentiel se verra avaler si rapidement
par un exploitant, que la science n’aura même pas le temps de noter son passage.
Au-delà du fait que beaucoup de ces droits de propriété appartiennent aux
financiers qui ont payé les recherches, beaucoup se fichent des médailles pour
prendre le chèque. Tous ne tombent pas à genoux la salive au coin de la bouche
à l’idée d’un Nobel et partout la société fonctionne selon des principes
d’argent. Il faut aussi considérer qu’il existe à travers la communauté
scientifique une morale qui ne va pas plus loin que celle de chaque individu
qui la compose. De puissants impératifs se jouxtent parfois pour faire fléchir
le petit individu et scientifique ou pas il y a, et il y aura toujours une
catégorie d’individus qui certains de ne pas se faire prendre, tenteront le
coup en échange d’une riche cagnotte. L’incidence fait toute la différence. La
science qui se plie à des impératifs autres possèdera généralement une
incidence et des répercussions plus importantes que les autres sur la
population, en plus d’engager tout un champ de recherche dans une fausse
direction qui mettra beaucoup de temps avant d’être corrigée.
Suivant un mécanisme de type démocratique, des individus
sélects de l’organisation jugeront ensuite de la pertinence de l’acheminer dans
la grande arborescence, ou encore dans la filière « autres ».
Qu’une idée utilise un principe suffisamment novateur
pour entrechoquer les colonnes d’Hercules et elle se retrouvera au secret
derechef par la censure officielle.
Cette arborescence de la science ne couvre pas tous les
angles du savoir, mais vise à mettre en oeuvre une boite à outils spécialisée appelée
l’arbre de la science populaire et permettant le fonctionnement du monde
moderne. Un ensemble normatif qui fait que l’ingénieur ou le médecin trouvera une
référence à sa question et un cheminement éprouvé. Éliminons la notion de
responsabilité découlant de ces tâches et nous découvrirons que le succès
repose sur les mêmes principes que le technicien en ordinateur qui effectue une
réparation ou le cuistot qui change son huile à frites. Que le mot protocole
soit remplacé par le mot procédure, ne change rien au processus conduisant à
une tâche accomplie avec succès. Cet individu n’invente rien, il exécute une
tâche. Il ne fait que copier et répéter une simple procédure. Il n’innovera
jamais et ne fera que fabriquer des ponts, bricoler des patients ou enseigner
la science toute sa vie. Ils sont des utilisateurs de ce dispensaire.
Ces utilisateurs possèdent tous en commun d’avoir tous
appris la même méthode et de puiser à la même source de connaissance. Par leurs
éducations, par leurs fonctions et leurs obligations, ils doivent constamment
se reposer sur ce corpus de savoir et y vouent une loyauté aveugle, au point où
tous les fidèles de cette religion portent au ridicule toute innovation des
vulgaires n’ayant pas appris le contenu du sac à outils. Facile à vérifier, ils
n’utilisent pas le dialecte des initiés et par conséquent, celui qui ne possède
pas le sac à outils est incapable de tirer une conclusion raisonnable sur quoi
que ce soit. Investi d’une mission sociale d’éduquer, ils se voient dans
l’obligation de corriger tout ce qui ne cadre pas au modèle, sans pour autant
posséder de connaissance autre que leurs propres sphères de spécialité. Ils
n’ont aucune imagination. Écrasés par l’éducation, par l’association professionnelle
et par le respect du protocole, ils n’en sont plus capables et sont bien
heureux de pouvoir se reposer sur le sacro-saint recueil du savoir.
L’infaillibilité de la mécanique conduite par le
sentiment d’appartenance et proclamée par tous ses fidèles est purement
illusoire et c’est au contraire ce même sentiment d’infaillibilité qui en
devient la grande vulnérabilité, ramenant l’empire de la science à celle d’une
croyance.
Tout le savoir des anciens était orchestré autour de
l’astrologie. Géographie, astronomie, santé, qualité de vie,
tout ! Tous les écrits des anciens étaient conceptualisés autour de
l’astrologie. L’Ancien Testament, le Nouveau Testament, les écrits de Platon,
tout ! Vous êtes allés à l’école 10 ans, 20 ans, avez-vous entendu dire au
cours de votre éducation que la religion, ou le Nouveau Testament, ou l’Ancien Testament,
ou Dieu, où qu’une quelconque action des anciens était basée sur
l’astrologie ? Avez-vous entendu au cours de cette période que
l’astrologie pouvait être autre chose que cette imbécilité présentée dans le
journal du matin ? Avez-vous entendu que la religion possédait un
fondement solide autre que des prétentions racoleuses et gluantes ?
J-A-M-A-I-S ! Et chaque fois que vous avez posé la
question, vous étiez ramenés sans délai au dogme. « C’était leurs religions » « dieu, c’est
individuel » « L’Amérique a été découverte en 1492 et il n’y avait
que des sauvages » « Ils ne savaient pas naviguer » « les
missionnaires sont venus pour les convertir » « ils ne connaissaient
pas autre chose que le silex » « l’astrologie c’est des
balivernes ».
Suivant la Renaissance, la façon de regarder et de
concevoir le savoir a été changée. Le savoir moderne a été érigé à partir de
l’ancien et tout ce qui avait trait au véhicule astrologique utilisé permettant
de faire le lien avec les anciennes connaissances, fut proprement éliminé au
profit des nouveaux « scientifiques », ayant depuis laissés leurs
bustes au panthéon de la gloire. Ce qui fut éliminé, ne l’a pas été pour tous
et après qu’une partie du matériel astrologique fut transformé dans un langage
de cycles affectant le climat, cette science perdura et fut enseignée jusque
dans les années 1950 et même plus tard en cosmologie. Idem pour une
ancienne histoire et un nouveau continent qui n’a de « nouveau » que
le nom des possessions. Idem pour de nombreuses connaissances qui se sont
retrouvées dans toutes les sphères de la science comme la technologie, la
psychologie, la sociologie et beaucoup d’autres qui demeurent dormantes ou à
l’usage exclusif de gouvernements intragouvernement. Encore à ce jour, dès
qu’une découverte touche un domaine critique, elle sera soumise à un feu
d’actions censurant ou limitant sa diffusion par des moyens comme des
traductions imparfaites ou des explications farfelues.
Conséquence d’une construction en silo très prononcée, bien
peu de scientifiques sont au coeur de l’action. Tous les autres qui n’y sont pas
et qui se prononcent, ne sont que des gérants d’estrade de qualité profitant d’un
titre honorifique qui verbillent à voix haute la matière d’un autre appartenant
à la même confrérie réputée la-plus-infaillible-sur-la-terre.
Le programme
Apollo.
C’est dans la joie et l’allégresse que ce fameux « petit pas pour l’homme, mais un bond
de géant pour l’humanité... » a été lancé par l’astronaute Armstrong
alors qu’il effectuait ses premiers pas sur la surface de la lune.
Il serait faux-cul de crier au miracle de la science
lorsque l’on considère l’argent investi et la quantité de lanceurs qui ont
explosés sur les pas de tirs avant de réussir des vols et une mise en orbite.
La science n’innove pas, ce sont les individus qui innovent et si une
caractéristique a permis à des Tsiolkovski, des Korolev et
des von Braun de se démarquer dans l’histoire spatiale, ce fut précisément
celle d’être des innovateurs passionnés de ce domaine. Le sentier était balisé,
la science n’avait plus qu’à l’encadrer en petit bout simple d’intelligence
transmissible avant de multiplier le processus avec du Nouveau Monde et en
faire des chaînes de montage.
Selon la science populaire, la lune est un caillou. L’objectif
de s’y rendre n’était pas de connaitre les effets de l’espace sur l’homme, ces
effets avaient pu être mesurés à moindres frais alors que des capsules habitées
étaient mises en orbite autour de la terre. Si l’objectif avait été de mettre
le pied sur la lune pour y planter un drapeau et un miroir, tout ce cirque
aurait cessé dès lors, mais ça n’a pas été le cas et ils y sont retournés. S’il
avait été de mieux connaître la lune, ils possédaient toute la technologie
nécessaire à l’époque pour y envoyer des vols robotisés très efficaces sans
mettre en danger de vie humaine.
Ajoutons que c’est au moment de la saga d’Apollo, que la
population prenait connaissance de l’existence d’un studio laboratoire de la
NASA, équipé pour imiter la surface de la lune à la perfection et muni de toute
la quincaillerie permettant de tourner en studio une production hollywoodienne
du voyage à la lune.
Les imaginations s’enflammèrent et de nombreux
détracteurs s’emparèrent rapidement de tout ce qui pouvait conduire à démontrer
une probable mise en scène. La controverse était née! Le fameux drapeau
qui bouge au vent, phare de mire des tenants de l’infaillible science, devint
de témoin des ridicules lubies des méchants conspirationissssstes prétendant entre
autres qu’ils ne s’étaient jamais rendus sur la lune, mais que tout avait été
filmé en studio. L’hypothèse était facile. En réalité, cette controverse était orchestrée
autour d’un faux débat, considérant qu’ils installèrent des miroirs lors de
leurs voyages sur la lune, utilisés depuis pour mesurer l’angle et la distance
terre-lune d’une manière précise, ce qui constitue de fait une preuve ultime
dans la poche arrière.
Il existe pourtant de nombreuses autres questions bien
moins ridicules que celle du fameux drapeau, qui n’ont pas été répondues même
après tout ce temps et qui disparaissent derrière l’arbre, comme celle de la
liste des nécessités ayant conduit à se doter d’un studio de filmographie aussi
élaboré. Si les explications des théorisssste de la conspiration sont parfois
naïves, celles de la NASA et de leurs séides n’ont rien à envier à quiconque sur
ces points et devant les demandes répétées, les explications se terminent
souvent sur des « considérations-techniques-hors-de-notre-portée-à-nous-rampant »
Revenons-en ! Les photos satellites de la lune sont
corrigées, elles possèdent toutes des corrections. Flou, ombrage, mauvaise résolution,
tout y passe. S’il est possible d’émettre une hypothèse lorsque ces correctifs
sont effectués sur des photos satellites de la surface de la Terre, il n’existe
plus de raisonnement raisonnable pour expliquer ces retouches à la surface de
la lune.
Il ne faut pas non plus mettre naïvement à l’écart des
arguments qui contreviennent à la « rationnelle
de service », comme lorsque le chef artisan de tout le programme spatial
américain depuis les premiers missiles à tuer, un ancien nazi chef artisan de
tout le programme des V Allemands Wernher
von Braun sur son lit de mort, déclare que tout le programme spatial
américain possédait l’objectif secret de la mise en orbite d’une plate-forme
qui n’avait en réalité rien à voir avec le développement de l’espace, mais au
contraire la mise au point d’un tueur automatisé dirigé vers la terre et capable
de vaporiser n’importe quelle zone de la planète par simple pression d’une télécommande.
Une sorte d’outil suprême qui ne nécessiterait pas l’intervention de fragile
bras humain et qui apporterait au propriétaire du piton de la télécommande une
puissance invincible pour des éons à venir, quelle que soit la situation
terrestre.
Il était essentiel pour le pouvoir-en-place, de faire la
démonstration qu’ils étaient en mesure d’envoyer un yoyo habité jusqu’à la lune
et de le ramener d’une façon maîtrisée. La démonstration seulement, car le
voyage réel était une considération secondaire et toute faille inopinée qui auraient
mis en péril la démonstration médiatique, aurait immédiatement engagé le plan
« b » mettant en oeuvre « on-the-spot » un beau blond
militaire faisant semblant de marcher sur une lune hollywoodienne, tournée dans
un studio appartenant à la NASA, garantissant le succès médiatique de
l’évènement. Outre le fait que le 25 milliards d’investissements du programme
Apollo servit à racheter l’orgueil de la nation américaine du tourment
vietnamien, les coups de clairons lancés par Kennedy et Armstrong, et toute la
démonstration médiatique les entourant eurent comme effet de lancer un
véritable cri de ralliement cristallisant la scientisterie moderne.
Le savoir moderne est une somme de petits bouts de
vérités, agglomérées ensemble par une colle faisant constamment appel au
raisonnement. Bien qu’au premier coup d’oeil l’appareil semble homogène, il
n’en est rien et l’histoire démontre que cette colle du raisonnement si
efficace dans le jour à jour s’appuie sur des dogmes, aussi appelés dans le
langage moderne « la rationnelle »,
qui ne supportent pas le chaos résultant
des grandes périodes de changements. Pour ces raisons, ces périodes de
tourments qui s’étirent sur une génération ou deux sont aussi le moment de
l’apparition d’une vague de détracteurs remettant en question le bien-fondé de
cette « colle ».
Comme le mouvement punk, le mouvement rock, le mouvement gai
et le mouvement anti-religion qui s’affirmait de plus en plus, le mouvement « Joe 90 » lancé par le coup
de clairon d’ouverture de Kennedy et celui de fermeture d’Armstrong, donnait
l’occasion à celui qui n’avait jamais été reconnu à sa juste valeur ailleurs
que devant l’auditoire familial, d’obtenir sa gloire. Le son du clairon avait
permis aux semblables de se reconnaitre et d’en faire un mouvement de jeunes « compulsifs-loyaux-à-la-science »
qui formeraient le coeur du monde en devenir. Ils étaient toujours aussi asociaux,
hargneux, aussi critiques de ce qui ne leur ressemblaient pas, mais ils
pouvaient maintenant en parler avec d’autres et se titiller le bouton de la
supériorité tout en se réclamant soumis à cette seule vérité vraie, celle qui
ne nécessite pas d’imagination puisque la science possède déjà toute la vérité.
À partir de ce jour, le verbilleur passait en grande et ne se montrait plus
qu’accompagné des maquettes d’Apollo et du buste de ses héros. Il ne parlait
plus que le langage cabalistique des initiés, seule garantie du point de vue
vrai, en tuant tout le reste.
En un tour de main, la société qui venait de mettre un
terme à l’enseignement classique érigeait une stèle commémorant la perfection
de cette nouvelle spécialité qui « savait tout
et expliquait tout ». Avec le mouvement Joe 90, venait de naître
un monde noir et blanc sans nuance et sans saveur qui ne tolérait pas la
réflexion et la pensée à deux dimensions hors de son emprise et de son langage.
Un monde qui n’endurait pas la zone d’ombre et la spéculation, il ne tolérait
même plus les variantes innovatrices provenant de la masse assurant la richesse
du processus. L’innovation des autres était vite regardée avec dédain et étiquetée
dans la catégorie des huiles de serpent. N’était-ce point là le coût nécessaire
à assurer la pérennité de l’organisation ?
Si la méthode est en fait un langage de communication, il
en possède les mêmes limitations que tous les autres langages. Conditionneur de
l’intelligence, il impose une limite à la réflexion qui fut le principe moteur
favorisant l’établissement de savoir parallèle, refuge ultime face à la
dévastation occasionnée par le passage de cette machine à créer de la pensée
unique.
La décade suivante vit débarquer une foule de nouveaux diplômés
se réclamant de la confrérie de la science et se préparant à occuper le sommet
de la société. Ils s’étaient débarrassés de leurs voix aigrelettes et apparaissaient
plus sympathiques derrière cette carapace professionnelle acquise par des
années de durs labeurs dans le giron des grands de ce monde. Ils possédaient tous
en commun d’être incapable de s’exprimer autrement que par langage de la
science, condamnant subjectivement toute manifestation de dérive imaginative
comme contraire à la déontologie. La vie d’ascète et le travail forcé des
dernières années étudiantes avaient eu comme effet d’établir un fonctionnement
mental procédural, respectant à tout instant les balises imposées par le
protocole, dont l’usage répété avait endigué le peu de dérives imaginatives qui
restait.
Le menuisier rêvait d’un monde tout en bois.
Pour certains, seuls porteurs autorisés du savoir
véritable et intimement convaincus que l’avancée des connaissances de tous ne
dépend que d’eux, la hargne naturelle s’était doublée d’un égo surgonflé par
l’appartenance à une idéologie prônant la perfection. Elle ne pouvait donc qu’être
incomprise des vulgaires, qui par définition possédaient un point de vue
incomplet ou distordu de la réalité. Ils se sont vus investis de la mission
sociale d’éduquer l’humanité en y faisant briller les bienfaits de la science à
tout instant et même de la sauver malgré elle en convertissant systématiquement
tous les irrationnels, à la seule rationnelle possible. Sceptiques,
communicateurs scientifiques, enseignants des sciences, des hommes brillants, éloquents,
rompus à toutes les techniques de communication. Des individus qui avaient
depuis longtemps encadré la science comme leur seul totem et renoncés à toute remise
en question, déferlèrent dans l’éducation, les médias et les conversations de
salon, corrigeant avec arrogance du haut de l’arbre de la vérité tout ce qui ne
brillait pas de la bonne lumière.
Des interventions qui apportaient nécessairement de
l’information de qualité sur des sujets connus, compris et documentés à usage
courant, mais très discutable sur les généralités invérifiables du monde, tous justifié
par la méthode du raisonnement.
Des interventions qui possédaient aussi la fâcheuse
tendance d’intervenir systématiquement avec le même angle de raisonnement à
travers la planète entière, sur des sujets parallèles, sans relation avec les
avantages de la science ou impact à la bonne marche de la société. Lorsque des
cordes sensibles se mettent à vibrer, la rigueur scientifique s’efface pour
laisser place à un autre registre d’individu, le soldat tirant à boulets rouges
du haut de sa science fondamentale sur les croyances ridicules que ces anciens
pouvaient avoir ou que les vulgaires modernes peuvent avoir. L’histoire
ancienne, la philosophie ancienne, les mythes et les croyances sont de ces
sujets.
Au-delà de l’étonnante surprise qu’occasionne un
comportement puéril sur des sujets aussi insignifiants de prime abord, ces
domaines possèdent en commun de promouvoir des explications différentes des
choses et de la façon dont elles sont assemblées. Un arbre du savoir et des
connaissances similaires à celles modernes, mais orchestrées différemment,
d’une essence différente, dont les bribes du savoir y avait été assemblées
cette fois en fonction de préceptes différents, plus naturels, privilégiant la
facilité d’accès quelque soit le l’outillage des étudiants.
Pour envisager cette différence du regard sur le monde,
nous devons définir ce qu’est une croyance.
Que je sois de la catégorie d’individus qui considèrent
que la clef est un charme magique dissipant les mauvais esprits permettant
l’ouverture de la porte, au lieu de croire à une mécanique dissimulée, peut
fort bien ne pas être très élégant selon nos critères culturels modernes, mais elle
ne modifiera en rien de discernable ma vie apparente. Elle ne changera rien
pour moi et je serai capable d’accomplir exactement les mêmes tâches comportant
une clef, avec exactement la même efficacité que l’autre qui en connait le
mécanisme véritable. C’est une croyance que je pourrais même transmettre à mes
enfants.
Tant qu’il n’y a pas à intervenir auprès du mécanisme de
la serrure elle-même, la seule différence entre l’un et l’autre, réside et ne résidera
toujours que dans la façon de considérer cette clef. Considérer la clé comme un
charme magique ou une mécanique ne sont tous deux que des croyances établies
dans un langage différent à partir d’une conceptualisation différente des
choses.
Le mauvais oeil lancé d’un prêtre à l’autre est
présomptueux et s’apparente à un débat de fous. Le représentant d’une marque de
balayeuse qui balance des injures à celui d’une marque adverse. Tout ce qu’il
peut faire est égratigné par le ridicule l’apparence de l’autre, car il ne le
connait pas. La seule chose qu’il n’en connaitra jamais sera le produit d’une mauvaise
traduction en concepts modernes par un apôtre agréé de son organisation, dont
la réputation est supportée par la présence de son buste dans le corridor des
fameux. Il n'a même pas le goût d'essayer, il est incapable de survivre dans le
monde de la philosophie ancienne, des mythes et des croyances, car tout ceci
fait appel à la perception et mène à des conclusions contradictoires à son
apprentissage.
« Voit
donc comme leur raisonnement était ridicule mon chéri, ils incluaient tout dans
leurs religions. ». La boucle est bouclée.
Voilà donc le plus bel exemple de toute cette
démonstration, puisque la signification précise du terme « charme magique » des anciens, est une désignation
générique qui comprenait tout ce qui est relié aux arts techniques et incluait
ipso facto, la mécanique de la serrure et de la clef. De fait, dès que l’on
possède l’architecture des idées et le lexique approprié, le savoir des anciens
cesse d’apparaitre à travers une loupe du ridicule pour prendre un relief
saisissant, conduisant à la découverte d’une intelligence brillante et un
savoir étonnamment développé visant un accès à tous et construit autour d’un
ensemble de questions et d’observations, dont certaines sont simplement
disparues des interprétations scientifiques populaires modernes. Dissimulés
derrière les traductions et les copistes de l’Empire, ces concepts anciens mènent
à une compréhension nouvelle du monde qui nous entoure, soulevant une ronde
infernale d’anomalies du modèle populaire tel qu’il est promulgué.
Un ennemi de l’empire.
Le scientiste moderne est le soldat d’un empire qui
poursuit une guerre dont les desseins lui échappent. Il est le missionnaire
d’une religion absolue possédant son code, ses prêtres, ses officiers et ses
papes qui distribue faveurs et indulgences aux plus loyaux. Soumise au tamis constant
de la science, leur rationnelle est devenue « la rationnelle » de référence et les autres ne sont que
des perspectives déformées et tordues qui prouvent le modèle. Ils sont capables
de tout expliquer par un raisonnement naïf paresseusement appuyé sur l’édifice
de la science dont ils n’ont en tout et pour tout visité qu’une seule pièce et
ils retrouvent leurs natures hargneuses au galop dès que la rationnelle de
service est mise en doute. Une armée prête à défendre son empire à chemise
déchirée contre toutes les hérésies du monde, qui arrive juste en temps pour
guerroyer les nouveaux hérétiques.
Pour ce faire, chacun de ses soldats est muni d’une copie
parfaite de l’encyclopédie de la science de l’empire expliquant le monde,
l’univers et le reste. Ce qui n’existe pas dans l’encyclopédie n’existe pas. La
rationnelle de service.
N’allons surtout pas croire que les méthodes du pouvoir
en place pour contrôler l’édifice de la science sont si différentes de celles
des autres domaines, comme la loi, la politique, les militaires et même les
entreprises. La confrérie dans la confrérie, le secret d’organisation basé sur
des impératifs non dits, la segmentation des pouvoirs, des paliers lents.
L’utilisation des travers, de la naïveté et de la loyauté des individus, dans
un grand plan segmenté en petits bouts.
Le résultat est que si la science est cette encyclopédie,
il existe des lacunes.
Alors que l’innovation devrait être facilitée et même
adulée, elle n’est pas un processus abordable au commun des mortels. Celui qui
a du plaisir à l’innovation débridée et qui persiste à s’éduquer se retrouve
vite enfourné dans un monde de créatifs, limité au monde du spectacle et autres
prestations médiatiques. Sinon, il sera résolument seul jusqu’à ce qu’il
produise la bricole miracle dans son atelier, pour se retrouver alors face à un
monde d’avocats et d’argent, qui n’a plus rien de commun avec l’inventeur de
garage. Après s’être transformé en avocat pour le brevet, il devra se
transformer en homme d’affaires pour la finance et en représentant pour le
vendre et nous n’en sommes qu’à une quelconque innovation, encore loin de la
nouveauté scientifique documentée.
Sous la férule des nouveaux formateurs, plus un jeune n’a
espoir de réaliser quoi que ce soit s’il ne possède pas le cours associé ou s’il n’atteint pas le plancher universitaire.
Advienne le coup dur qui lui siffle ses rêves, et ça en est terminé. Comme il
se repose constamment sur l’architecture mentale qui lui a été enseignée et
qu’il ne possèdera pas le papier, il n’est plus capable d’avancer par lui-même
et devient un tanguy laveur de vaisselle qui fume du pot en jouant au vidéo à
longueur de journée et jamais il ne lui viendra à l’idée de créer quelque
chose, il n’a pas le cours.
Les médias d’aujourd’hui, en constante propagande
effectuent un travail de fond sur cette question, puisqu’ils ne se lassent pas
de rattacher le mot innovation à celui de la science. Et puisque, ce qui est
petit ne fait jamais la grosse nouvelle, on va dans la grosse innovation, la complexe,
celle qui en jette plein la gueule et qui coûte cher. Celle qui parallèlement
enseigne à tous que c’est à cet endroit-là que l’innovation se produit et pas
ailleurs, mettant à l’écart les millions de brevets qui dorment et tout le
potentiel créatif de chaque individu.
Et pourtant, si vous faites un tour sur vous même vous
constaterez que tout ce qui apparaît dans votre vie, n’a jamais été inventé par
des hommes de science, mais d’ingénieux bricoleurs de garages dont la plupart
n’avaient pas un sou et n’avaient aucune idée des lois de ci et des lois de ça.
La plupart de ces innovateurs n’ont jamais retiré un sou de leur innovation, se
sont fait voler l’idée ou se sont fait laver par la finance. C’est précisément
ce qu’Édison a fait pour récolter pas moins de 1000 inventions. Il brevetait en
son nom les inventions des jeunes ingénieurs créatifs qui travaillaient à petit
salaire pour lui. Ça n’a pas été un cas isolé, ce fut au contraire le départ
d’un mouvement nouveau du monde de l’exploitation des affaires, un véritable
sport qui consistait à récupérer la propriété intellectuelle de la masse populaire,
aujourd’hui pratiqué à la grandeur de la planète.
L’encadrement dans une science captive reproductible
impose un modèle noir et blanc dans lequel chaque composante du savoir est une
innovation qui aura été dépouillée de tout superflu et réduite à sa plus simple
expression, assurant un résultat reproductible le plus efficace possible. En
fonction des préceptes de la science, elle s’insèrera dans l’arborescence du
savoir à un endroit qui lui sied. La méthode implique donc que toute nouvelle
connaissance, sera segmentée à ses composantes minimales reproductibles se
situant déjà dans l’arborescence et tout ce qui en dépasse constituera une
« nouveauté » qui ne répond pas à un raisonnement permettant de
l’insérer dans l’arborescence du savoir, qui sera regardée avec la plus grande suspicion.
Pour expliquer cette nouveauté « le-scientifique-perplexe-pour-qui-tout-est-connu » aura
alors accès à un corpus de théories improuvées qui possèdent en commun d’être
rattachées à l’arborescence connue et de provenir d’autres représentants de cet
empire, tous réputés maîtriser les bonnes méthodes d’analyses et bonnes
connaissances. S’il ne choisit pas cette voie, il pourra alors émettre sa
propre hypothèse nouvelle reposant sur un raisonnement novateur, pour lequel il
devra disposer de cette capacité d’innover et de la possibilité matérielle de
le faire. Il devra être ensuite prêt à défendre son idée avec une vigueur
inversement proportionnelle à celle de la remise en question des concepts
idéologiques ayant mené à l’arbre actuel, en plus de s’afficher clairement à
l’extérieur des remparts prescrits.
Un tel jupon qui dépasse est une épine au talon
susceptible d’occasionner une douleur lancinante pour des gens qui ont choisi le
respect de l’image de la science. Un puissant motivateur à respecter les dogmes
en place. Un tel mécanisme aura comme effet de limiter l’innovation à caractère
libre pour constamment la recentrer sur l’arbre des connaissances existantes,
qui lui-même repose sur des pierres d’assises dogmatiques et imperturbables.
« Il ne
peut y avoir eu au Québec de cités anciennes construites de pierre, car il
n’y a jamais eu de civilisation suffisamment élaborée connaissant l’usage de la
pierre à cet endroit; les glaciers descendaient jusqu’à la frontière américaine;
l’Amérique n’a été découverte qu’en 1492 ; l’homme était incapable de navigation
au long cours avant ce moment. »
Pourtant ce qui précède est le fruit de dogmes, des
croyances qui ne tiennent simplement pas la route dès que l’on creuse au-delà
du vernis. Y avait-il des hommes blancs avant 1492 oui ou non ? La réponse
est oui, et de nombreux, point ! Alors pourquoi la nationalité et la date
de découverte n’a t’elle pas été changé en date de conquête et qu’elle n’a pas
suivie dans l’histoire? Parce que c’est un dogme sur lequel est assis le
savoir populaire moderne. Un mur, un rideau sur lequel est construit l’artifice
moderne et qui évite le regard de curieux sur des sujets susceptibles de
déranger le modèle. Pendant que tous les archéologues des petites universités
sont à se disputer le partage du banc de sable situé entre les pyramides
d’Égypte et Bagdad qu’ils découperont à la brosse à dents et à la petite
cuillère couche par couche, médiatisant la moindre découverte comme on
étendrait les dernières gouttes d’un pot de confiture, plus personne ne regarde
ailleurs. Dogme.
En supprimant la navigation au long cours, Platon,
lorsqu’il explique que l’ancienne Atlantide est devenue un haut fond
sablonneux, parlera donc nécessairement d’une Atlantide qui ne peut être
au-delà de quelques centaines de kilomètres des Colonnes d’Hercules et ce qu’il
dit exclura absolument la possibilité qu’il décrive des bancs de sable
entourant les Bahamas 6500 kilomètres plus loin. Ajoutons quelques siècles
de spéculations supplémentaires et on se retrouve avec des colonnes d’Hercules
à la grandeur de l’Europe, une croûte de glace qui bouchait tout en Amérique,
des Indiens incapables d’utiliser la pierre pour construire, et un peu partout
des « Atlantides » qui s’apparentent à des bourgades et qui font fi
des descriptions de Platon. Dogme.
De tels dogmes sont très utiles. Ils balisent le sentier qui
serpente un territoire à visiter et qui transmet à tous un seul et même point
de vue défini et facile. Ils constituent une matière minimale, connue et
transportée de tous en tout temps. Une visite guidée dans laquelle tous les
adeptes décriront la même visite, les mêmes beautés, les mêmes dangers, les
mêmes anecdotes. Une méthode très efficace pour répéter aveuglément une méthodologie.
Ils limitent naturellement les questions et confinent les curieux derrière des
idéologies marginales, pendant que la somme des véritables découvertes et faits
supportant une meilleure conception de la réalité devient l’objet d’initiés
dans les initiés, interdisant toute diffusion par le secret. Advienne la
découverte d’une nouveauté indésirable au modèle à l’autre extrémité de la région
qui n’est pas balisé, le savoir officiel ne montrera qu’une page lisse et
personne n’en saura jamais rien. Qui voudrait mettre l’effort pour refaire ce
qui a déjà été fait par une sommité de la science, puisque le sentier balisé me
montre déjà tout ce qu’il y a à savoir de la région.
Ceci met en jeu un raisonnement à peine plus élaboré que
les grandes épouvantes créées par l’empire religieux pour éviter le regard des
curieux. La terre est plate et chaque côté, ça tombe, donc si j’y vais je vais
tomber, donc je n’y vais pas. Une île qui n’est pas identifiée sur les cartes
géographiques n’existera simplement pas. Elle sera l’objet de rapports de
toutes provenances et sera même la cause de transferts d’informations entre les
spécialistes, mais tant et aussi longtemps qu’elle ne sera pas identifiée sur
les cartes, elle n’existera pas, elle ne s’inscrira pas dans l’arborescence
officielle du savoir, elle ne sera utilisée par personne d’autre que des locaux
et quelques soit l’importance de cette information elle ne sera pas transmise à
travers les générations dans le système étatique de l’éducation.
Tous les domaines s’orchestrent autour de telles balises.
Des centaines de ces balises, raisonnements aux conclusions invérifiables sans
faire des efforts surhumains, constellent la somme de notre éducation moderne
et sont tous autant de remblais dissimulant des secrets, autant d’outils
permettant à certains de conserver leur domination sur tous. Notre savoir n’est
plus arrangé de façon horizontale, mais verticale, en silo. Le sage qui
possédait le savoir essentiel sur tous les domaines à la fois n’existe plus
depuis longtemps et il a du être remplacés par 50 spécialistes d’une science
moderne incapables de se prononcer sur la spécialité de l’autre autrement qu’en
gérant d’estrade, associé dans un conseil démocratique avec vote à main levée,
pour espérer seulement offrir la même étendue de savoir.
L’objectif est de faire croire à tous qu’ils
possèdent la vérité et toutes les réponses, alors qu’en réalité la science est
un véhicule de fonction bien encadré, n’offrant qu’un seul point de vue et qui
n’a aucune tolérance aux autres. Elle ne possède donc par définition qu’une
seule mesure de la réalité qui laisse tomber en cours de route tout ce qui ne
passe pas dans le modèle. C’est un regard essentiel, car c’est par ce corpus
intolérant aux nuances, qu’il est possible de reproduire le monde physique
moderne dans lequel on vit, mais c’est un regard beaucoup trop limité pour ne
pas hypothéquer la conception de tous.
Durant ce temps, les meilleurs des meilleurs, ceux qui
ont pu demeurer libre penseur en dépit de l’apprentissage, servent les fins de
la seule innovation qui demeure, celle extrêmement pointue conduite
essentiellement par des moyens gigantesques inaccessibles au commun des
mortels. Des recherches qui par définition sont incapables de tenir compte de
tous les points de vue et dont la poursuite n’a rien à voir avec le bien-être
des individus qui composent la société, mais qui visent à pourvoir et à
conserver à « l’establishment » de la haute science des atouts
dominants à tout instant dans la poche arrière.
Le reste de l’innovation des hommes n’est qu’une suite
interminable d’idées sans organisation sous la férule de mécanismes économiques,
dissimulés dans les secrets de fabrication ou empilés en liste
interminable dans les bureaux des brevets.
Au fil du temps, la philosophie ancienne a été remplacée
par la nouvelle, apportant un regard à la fois sur le monde moderne et un
regard moderne sur la philosophie ancienne dénaturant les principes transmis.
Suffisamment incomprise, la philosophie ancienne se désagrège et ne devient que
de la matière à controverse soulevant le scepticisme pour terminer dans la case
mythologie, celle des résolument inexpliqués. Alors qu’elle recèle un savoir
d’une richesse incomparable, somme des innovations de millions d’ancêtres qui
nous ont précédés, son langage n’existe plus et quand elle dit
« science » nous entendons « dieu ». La constitution de son
arborescence du savoir se perd et se dégrade, toujours de moins en moins accessible.
Détruire les ponts était tuer la philosophie. Le roi est
mort, vive le nouveau roi. Ce fut la Renaissance.
Comme la philosophie ancienne interdisait la venue de
cette nouvelle science au caractère réducteur, comme sa compréhension
s’effilochait dans les traductions, elle fut réécrite. La somme du savoir fut
alors nettoyée de tout ce qui constituait des connaissances supérieures, dont
certaines furent resservies par des porteurs modernes, mais avec la
particularité de ne plus référer au savoir ancien. Les nouveaux héros. Avec le
Chevalier Newton, plus de risque que le caillou soit éventuellement poussé vers
le bas, il ne pouvait être qu’irrémédiablement tiré! L’équation prouve tout.
Une seule force demeurait et rien de ce qui provenait
d’en haut ne pouvait influencer ce qui se passait en bas, une différence
fondamentale de la philosophie qui précédait et qui déclarait précisément le
contraire. Ce qui est en haut est aussi en bas. Mais nous avons été bien éduqués
par notre société et quand nous entendons des mots comme « dieu » « divin » « esprits » nous
sommes incapables de ne pas nous représenter l’image mentale d’un bonhomme à
barbe dans un fauteuil qui nous regarde d’en haut. Un dogme.
Tout comme l’astronomie n’était alors que la petite
science menant à ce savoir supérieur des Chaldéens qu’était l’astrologie, la
science comme nous la concevons n’était que la petite science menant au savoir
supérieur de la philosophie.
La méthode du guerrier de la lumière capable de pimenter
de quelques prouesses la nouvelle philosophie qu’il prétend transporter a
été utilisée de tous les temps pour conquérir les esprits crédules. L’histoire
démontre que ces nouvelles philosophies, portent tous en elle le germe
d’idéologie qui finissent à tout coup par déboucher sur un éventuel nettoyage
par le vide de tout ce qui n’est pas conforme à la rationnelle de service. Un
prétexte mis en scène aux fins de l’acte suivant.
Nous sommes à un tournant. En plus de constamment jouer à
la-mienne-est-plus-grosse-que-la-tienne avec la philosophie et tous les dogmes
qu’elle maintient étroitement ficelés par différentes techniques, la science se
permet aujourd'hui de posséder un regard autocrate sur le monde qui l’entoure
et lance depuis un moment déjà les fils qui serviront au tissage de la toile
d’araignée permettant de maitriser la prochaine génération.
Sous le couvert d’un égo démesuré, les nouveaux Jésuites
ne sont destinés qu’à effectuer la même oeuvre que les anciens. La venue des
grands cycles de changements comme celui qui était prédit pour le tournant de
l’an 2000 était reconnue pour apporter une nouvelle ferveur religieuse. Cette
ferveur n’était pas occasionnée par la soudaine prise de conscience qu’il y
avait un bonhomme à barbe dans le ciel décidant de notre sort à tous, mais par
une incapacité d’obtenir des réponses raisonnables quant aux changements par
les voies d’informations en place, conduisant à l’apparition naturelle de
nouveaux points de vue, plus vaste, capable d’absorber cette nouvelle
information. Des points de vue qui auront le mérite d’être brillants, mais qui
possèderont en commun d’être un poison à la poursuite de cette domination. Ils
ne survivront pas l’emprise de ces sectaires et seront éradiqués aussitôt que
l’homme retrouvera sa vie faste et qu’il doutera que tout ceci ne se soit
jamais produit.
C’est à cet usage que fut créée cette classe d’individus.
Ces nouveaux prêtres, soumis comme les anciens l’étaient à leur organisation
reconnue porteuse du seul savoir vrai, dénués comme les anciens prêtres
l’étaient de la brindille d’imagination capable de faire douter, seront les
porteurs de ce flambeau et les guerriers qui se battront pour l’imposition de
la rationnelle de service.
La science n’est qu’une demie-vérité et une demi-vérité
est un mensonge.
Amicalement
Pierre de Châtillon 16 janvier 2011
www.incapabledesetaire.com